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A.L.M.A., 2019, Jean-Maxime Dufresne

Jean-Maxime Dufresne | A.L.M.A.

16 janvier – 29 février 2020

Vernissage : le jeudi 16 janvier 2020, dès 17h00

A.L.M.A. (Acqua, Luce, Materia, Aria) est un travail d’investigation sur les atmosphères de pouvoir de la cité de Rome – et sur l’environnement construit qu’elles ont influencé –, qui explore les formes d’excès et de défaillances dans la manipulation de ressources rattachées à l’eau, la lumière, la matière et l’air. C’est à travers ces éléments fondamentaux qu’elle a historiquement consolidé sa puissance, et de manière plus sophistiquée, en orchestrant des ambiances autour de ceux-ci, avec différentes formes de calibrage sensoriel, de scénographie urbaine ou de simples opérations de maintenance. Parmi ces atmosphères troubles, mentionnons une crise récente d’approvisionnement en eau en pleine canicule, qui remet en perspective une puissance associée au contrôle de ressources hydrauliques à travers l’érection d’aqueducs et de fontaines baroques ; l’ode à la lumière et le recours à des stratégies d’éclairage nocturne pour magnifier des zones de la ville au détriment d’autres lieux ; l’extraction et les usages ramifiés du marbre blanc de Carrare comme un matériau codifié dans l’architecture de pouvoir ; le monitoring de l’air ambiant, que ce soit celui d’un milieu muséal chargé de dioxyde de carbone avec les afflux du tourisme, ou la présence de contaminants aériens qui accélèrent le vieillissement de pins parasols introduits par le régime mussolinien pour façonner l’horizon de la ville avec leurs canopées.

Si ces ressources communes se trouvent au cœur d’un contrôle minutieux des atmosphères témoignant de ces mécanismes de pouvoir, les pressions globales exercées sur celles-ci provoquent de nouvelles inflexions de la réalité, reflétant en quelque sorte nos anxiétés du présent et les formes de résilience qui en dérivent. Maintes fois représentée au cinéma, cette ville palimpseste se soustrait ici à toute personnification et incarne plutôt l’arène d’un champ de forces. Dans un travail de l’image issu d’un séjour récent à Rome, l’acronyme A.L.M.A. déployé en différents chapitres (Acqua, Luce, Materia, Aria) devient le prétexte d’un récit photographique de nos environnements de vie altérés, produit sous la lentille spéculative d’une écologie à la fois complexe et imprévisible.

– Jean-Maxime Dufresne

L’artiste remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son soutien.

 

démarche | Biographie 

Jean-Maxime Dufresne est un artiste diplômé en architecture (McGill) et en média expérimental (UQAM). Dans ses recherches, il s’intéresse principalement aux mutations qui façonnent nos territoires urbanisés et leurs réalités sociales, avec une sensibilité particulière pour la psyché humaine, des climats sociopolitiques, des phénomènes reliés à l’environnement construit et différentes formes de spéculation sur le futur. De nature anthropologique, ce travail s’incarne dans une approche protéiforme combinant l’installation, la photographie, la vidéo, le son, l’intervention, l’édition et la collecte de données, ainsi que l’élaboration de dispositifs architecturaux et d’éléments sculpturaux. Brouillant les repères entre le documentaire et le fictionnel, sa production artistique privilégie une approche de terrain et diverses méthodologies d’enquête qui touchent à l’interprétation du réel, afin de déployer des imaginaires dans lesquels nous pouvons nous projeter. Par le télescopage de phénomènes complexes et de réalités silencieuses, l’exposition agit comme un dispositif pour sonder des environnements en transformation, en créant des tensions productives dans l’agencement du matériel cumulé. Ses travaux récents en collaboration avec l’artiste Virginie Laganière abordent les devenirs de sites olympiques souvent marqués par la controverse, où s’échafaudent des récits mineurs et des réalités silencieuses entre Athènes, Beijing, Montréal, Munich, Sarajevo et Tokyo ; les avenirs sociétaux reliés aux systèmes de croyance, à la coexistence technologique et aux pressions associées à la sphère du travail au Japon ; ou les paysages incertains associés au géologique et aux relents de la guerre froide en Finlande, investis par des musiciens issus du milieu expérimental ou électronique.

Son travail individuel et collaboratif a été diffusé au Canada (L’Oeil de Poisson, VU Photo / Manif d’art 7, Optica, Fonderie Darling, Galerie Verticale, Centre Canadien d’Architecture, La Biennale de Montréal), aux États-Unis, en Espagne, en Finlande et au Japon. Ses recherches ont reçu le soutien du Conseil des arts du Canada et du CALQ, notamment lors de résidences avec Virginie Laganière au HIAP (Helsinki International Artist Programme), TOKAS (Tokyo Arts and Space), Inside-Out Art Museum (Beijing), Homesession (Barcelone), Titanik Gallery (Turku) et 3331 Arts Chiyoda (Tokyo). Dans leur travail en duo, ils participaient récemment à l’exposition collective L’attente à la Galerie de l’UQAM sous le commissariat de Fabrizio Gallanti. Ils seront tous deux reçus en 2020 au Programme Principal de Résidence de La Becque en Suisse pour explorer la modernité du paysage en milieu alpin à travers ses occurrences technologiques et ses vertus thérapeutiques. Il est un collaborateur et coéditeur pour le projet Hétéropolis de la plateforme Adaptive Actions (AA), un cadre conceptuel sur l’hétérogénéité dans la ville globale du présent et du futur. Il enseigne à l’École de design de l’UQAM et à l’École multidisciplinaire de l’image (ÉMI) à l’UQO.

 

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