Du 29 janvier au 5 mars 2016

Avec ses dessins aux pointes de graphite et d’argent, Pierre Przysiezniak explore ce dont nous sommes faits, cette nature dont nous sommes assemblés. L’évolution a peaufiné nos capacités et limites biomécaniques, perceptuelles et cognitives, possiblement jusqu’aux structures de nos imaginaires, déterminant ce que nos yeux peuvent voir, comment notre main travaille et notre cerveau configure. Nos gestes, réflexes et pensées, sont des résonnances de cette ingénierie du vivant.

Les chercheurs s’attèlent à l’infini petit pour en vérifier les rayonnements, densités et organisations. Pierre Przysiezniak dessine en s’ajustant par micro, nano-gestes, tentant de mimer, au travers les traces de graphite, les principes de croissance et progression de la nature. Il présume qu’au final, après l’accumulation de tous les glissements de sens, de référents et d’images intérieures, de dérives d’intentions et autres ‘tropismes neuronaux’ ; qu’après toutes les infimes variations décisionnelles et de motivations techniques, se concrétisent des cohérences au-delà du désordre et des complexités apparentes.

La finesse de trait et les intrications, la lenteur d’exécution, se veulent garantes d’une fidélité aux structures et motifs de la matière, résonnances des organisations et systèmes dont nous sommes imprégnés, fabriqués, entourés. Inspirés par les nouveaux imaginaires, narratifs et vocabulaires scientifiques, ses dessins se veulent des ‘blues-prints’, ‘probabilistes’ : cherchant au travers les indéterminations, états superposés, pluralités, rhizomes de sens et perméabilités ; choisissant et précisant certains éléments vers le reconnaissable, d’autres pas, laissant les conclusions au regard. Des transcriptions sur un mode de relation analogique à la matière : une matière inconstante, instable, impermanente, quantique, telles nos perceptions, bondissant d’un point et d’un concept à l’autre.

Artiste en arts visuels, artisan, chercheur et concepteur scénique, Pierre Przysiezniak débute dans les arts graphiques, avant d’exposer ses œuvres à l’Université de Montréal, Oboro et la Galerie Jolliet à Montréal, ainsi que dans diverses expositions collectives. Il fait un apprentissage d’artisan scénique à l’opéra avant d’entreprendre ses propres explorations de nouveaux procédés scénographiques. Il entame sa démarche de nouvelles écritures scéniques et de concepteur en collaborant à diverses créations hybrides en danse, théâtre d’image et arts interdisciplinaires avec la metteure en scène et chorégraphe Johanne Madore. Ils cofondent un groupe de recherches théâtrales pour prolonger leurs explorations. Il a été honoré de nombreuses bourses (CALQ, CAC, CONACULTA) et résidences (Banff, Hexagram, Centre national des arts de Mexico, etc.) en arts visuels, inter, théâtre et danse. Il est chargé de cours à l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM & cofondateur du Regroupement Pied Carré. Il poursuit ses créations interdisciplinaires, soutenues par une pratique du dessin.